Troisième roman de Jacques Poulin, Le coeur de la baleine bleue est à la fois une histoire de coeur et un « voyage vers le pôle intérieur », selon la belle expression d'André Breton. Noël, le personnage principal qui est aussi le narrateur, a reçu un coeur de jeune fille de quinze ans. Il entreprend sa convalescence dans le Vieux-Québec dont il nous fait découvrir les artères historiques et les principaux centres d'intérêt. Parallèlement au monde intérieur qu'il évoque, tout animé de douceur, transparaît la dimension d'un monde bien réel qu'il tente, non sans effort, de concilier avec le premier. De là l'importance qu'il attache, à mesure que l'histoire progresse, au rêve et au souvenir, en particulier celui de son enfance. Petit à petit, il apprend à se mieux connaître, à sortir de sa solitude et à aller vers les autres, ce qui favorise la rencontre de Charlie la Baleine bleue qui l'entraîne au bout de lui-même et des choses. La mort s'avère alors, pour le doyen des transplantés cardiaques du docteurs Grondin, « la dernière étape de la douceur [...] la douceur absolue ». Jacques Poulin est né à Saint-Gédéon-de-Beauce, au Québec, en 1937. Détenteur d'un baccalauréat en orientation professionnelle et d'une licence ès lettres de l'Université Laval, il a entrepris, tout en gagnant sa vie comme traducteur, sa carrière d'écrivain en 1967 avec Mon cheval pour un royaume. Plusieurs autres romans ont suivi, à un rythme que l'écrivain considère lui-même comme plutôt lent. Souvent acclamé par la critique, le romancier a obtenu plusieurs prix et distinctions, dont le Prix des Jeunes auteurs de La Presse (Faites de beaux rêves), celui du Gouverneur général (Les grandes marées), le Prix Molson de l'Académie canadienne-française, le Prix France-Québec et le Prix Québec-Paris (Le vieux chagrin). En 1995, il a reçu le Prix Athanase-David pour l'ensemble de son oeuvre. Installé à Paris depuis le début des années 1980, il se consacre désormais entièrement à l'écriture et, comme il dit, à l'apprivoisement des mots.